---

︎ CONTEXTE & OBJECTIFS
Confort : “subs. masc. Équipements susceptibles de rendre un lieu d’habitation confortable selon les normes de l’époque actuelle.”La blancheur de nos faïences n’est-elle pas le reflet du confort de notre époque ? L’habitat urbain, dans son raffinement hygiéniste, valorise le neuf et le propre par un renouvellement permanent de nos ressources. Cette blancheur dénonce et met tout de suite en évidence le sale. Ainsi, l’eau de nos toilettes est aussi limpide que celle que nous buvons. Toute eau utilisée est considérée “usée” et est en ce sens à renouveler. Sans hiérarchie et sans cycle, notre eau est seulement consommée et non pas gérée.

Le projet Domestiquer L’Eau s'inscrit dans une démarche visant à bousculer nos normes de confort, par l’introduction d’un cycle d’eau non potable dans l’habitat urbain. Quels usages durables de cette ressource ? Comment économiser et réutiliser l’eau ? Comment reconsidérer l’eau “sale”, ou “recyclée” et la faire entrer au sein de nos lieux de vie ? Comment offrir par l’objet, un nouveau rapport aux eaux “usées” ? Comment changer ses habitudes et modes de faire ? Quelles objets et techniques simples pour des salles de bain et cuisines économes ?

Chaque point d’eau “classique” de l’habitat est redéssiné pr économiser et recycler l’eau.

Après certains usages, l’eau domestique peut être néttoyée et recyclée à travers ces mobiliers. Elle est non potable mais propre pour être utilisée dans beaucoup d’autres utilisations ne nécéssitant pas de l’eau potable. Ces objets sont simples d'usage et de fabrication, autant dans leur utilisation quotidienne, leur nettoyage et entretient que dans la fabrication et l’impact des matériaux sur l’environnement.

GOUTTIÈRE
La gouttière est le seul point d’eau de l’habitat qui n’est relié à aucune évacuation d’eau. Complètement autonome, il ne nécessite pas d’arrivée d’eau, et doit être vidé et re-rempli avec de l’eau propre chaque semaine. Son réservoir, le filtre mécanique et à charbon permet la filtration et le stockage de 5 litres d’eau, assez pour se laver les mains. Un robinet rend accessible la réserve d’eau filtrée, ainsi l’usager peut s’y servir à l’aide d’un récipient. Cette eau est ensuite versée dans l’entonnoir qui permet un écoulement d’eau faible et continu. Il peut être utilisé à différents emplacements de l’habitat, ou en extérieur, alimenté par l’eau de pluie.

LAVOIR
Le lavoir permet la filtration et le stockage de 60 litres d’eau de douche « usée » grâce à son filtre mécanique et à charbon et son réservoir. La pompe, branchée sur ce réservoir, permet d’avoir accès à la réserve d’eau filtrée. Celle-ci peut être utilisée pour le ménage, arroser les plantes, nettoyer du linge sale, des objets volumineux, ou encore être reliée directement à la chasse d’eau. Le bac devient un espace de nettoyage à part entière. On peut s’y asseoir, y effectuer d’autres tâches domestiques acceptant l’usage d’une eau de « seconde main ». D’autre part, le sol en cèdre commence naturellement la filtration de l’eau grâce à ses qualités bactéricides. Sa surface peut par exemple servir pour frotter le linge, le bois dégage ainsi une odeur agréable au contact de l’eau.

FOSSE
La fosse est le point d’évacuation des eaux usées de l’habitat. L’eau qui s’y évacue est considérée comme non réutilisable, elle se situe en fin de chaîne. Elle sert à la fois à l’évacuation des selles, mais également à l’évacuation de toute eau considérée comme trop souillée pour être filtrée. Sa cuvette en cèdre est bactéricide, et est accompagnée d’un bouchon, permettant de celer la fosse. Sa terre chamottée atténue la saleté de ce qui s’y écoule.

TECHNIQUE DE FILTRATION
La filtration est au coeur de ce dispositif et les filtres employés sont à l’origine de son identité. La qualité filtrante de ces nouveaux points d’eau est visible donc entièrement assumée et explicitée. C’est donc en rendant visible les éléments de filtration - filtre à charbon, filtre minéral - que l’objet se rend lisible. La pierre devient dans certains cas un outil.
Ce parti pris esthétique permet de confronter l’utilisateur à l’action de la filtration et de le rendre autonome. Celle-ci n’est plus cachée et évacuée comme quelque chose d’insalubre. D’autre part, la filtration au charbon est une filtration lente. À l’usage, les pierres s’immergent, puis l’eau s’écoule lentement, amenant un aspect contemplatif au dispositif. Cette lenteur permet d’amener un nouveau rapport à la ressource, et à son utilisation.